Je suis arrivee a Santa Rosa le 9 avril dernier et j'y ai passe deux semaines memorables.
L'environnement d'Anke et Dieter me correspondait en grande partie... Ces deux allemands vivent en Bolivie depuis plus de 20 ans... Apres avoir parcouru l'Amerique du Sud pendant plusieurs annees et veritables amoureux de la nature, ils decident de reprendre une estancia de reve... ils entretiennent tout ca comme des chefs mais ces dizaines et dizaines d'hectars, ces 40 moutons, ces quelques 250 vaches, ces 10 chevaux, ces dizaines et dizaines de poules, ..... demandent un boulot de titan quotidien !
Anke, passionnee par les chevaux depuis l'age de 10 ans se sacrifie tous les jours pour que ces chouchous ne manquent de rien... Elle les dresse de maniere incroyable et avec elle, j'ai la certitude que chaque murmure a l'oreille du cheval a un impact considerable... Elle m'accorde beaucoup de temps et me propose chaque jour de partir faire une balade... j'en apprends toujours et toujours plus... J'ai depuis longtemps la sensation que monter a cheval est une des meilleures therapies au monde, et j'en ai encore plus aujourd'hui la conviction. La confiance mutuelle qui s'instaure au bout de quelques jours entre l'homme et le cheval, permet de ne faire plus qu'un lors de chaque balade ensuite... 
Je vois vite les chevaux avec lesquels j'accroche et ceux qui me sont indispensables au quotidien. J'en viens meme a faire me lessive avec la gueule de “MediaLuna” dans l'evier...Un vrai paradis pour moi donc que de monter autant que je le peux et echanger de nombreux instants avec un des animaux les plus intelligents de notre monde... Un soutien, une compassion, une comprehension parfois bien plus consequente que les hommes peuvent s'apporter entre eux.
Dieter, 74 ans, quant a lui est un veritable Personnage. D'une gentillesse exemplaire, il repond toujours present pour nous apprendre et nous inculquer ce que sont pour lui les fondamentaux de la vie. 
Il travaille 7j/7 et on remarque au fil des jours que sa vie est au milieu des champs et de ses vaches... au grand desespoir d'Anke bien souvent. Il ne parle jamais pour ne rien dire et ses propos sont toujours impactants et d'un interet bien marque. Ces nombreuses anecdotes et histoires abracadabrantesques me transportent a chaque fois dans une autre dimension... dans le monde de Tarzan au milieu de la jungle... Il me coupe une queue de serpent en souvenir, mord les tics, m'expliquant qu'il n'y a pas meilleure facon pour en venir a bout, m'apprend a rentrer les vaches dans les champs a bout de baton... Ses rituels quotidiens, sa force de caractere, son acharnement pour le travail et sa motivation perpetuelle pour faire vivre sa propriete tout simplement sont fascinants.J'ai parfois l'impression de me revoir a l'age de mes 7 ans quand je jouais dans le jardin, voyant mon grand-pere s'occuper de ses poules ou de son jardin... memes intonations, memes expressions du visage, memes remontrances si j'ai le malheur de mettre un pied sur le morceau de terre qu'il fallait eviter... la richesse incomensurable que nous apportent ces grandes personnes qui ont eu un passe si riche et dur a la fois !
Chaque jour le travail etait different... Le reveil etait bien souvent complique pour moi... je n'aime pas trop me lever au chant du coq.. mais pas le choix ! Je travaillais de 7h30 a 12h du lundi au samedi et les missions etaient chaque jour tres variees. Jardinage, elagage, plantations, desherbage, traite des vaches, fabrication du fromage, ...
Quand je vis la tete de Dieter lorsque je lui ai dit que je travaillais dans les bureaux en France et que je n'etais pas tous les jours les mains dans la terre, je remarquais que le boulot ne serait pas de tout repos. Ce fut le cas, et malgre tout tres interessant de faire quelque chose de completement different... et bien physique aussi !Lorsque je disais avant de quitter la France que j'allais me retrouver en Bolivie a elever des moutons, je n'etais pas loin de la verite... cela doit en faire rire certains !
Dans tous les cas, c'est un quotidien qui m'a enormement appris et qui permet de voir les choses tout autrement. Je m'y sentais bien, de la, a penser que je peux aussi aujourd'hui vivre de cette maniere, je ne crois pas. Malgre cette qualite de vie enorme, il ne faut pas oublier que c'etait au debut de l' amazonie aussi et que l'Homme est loin d'etre le seul a envahir l'espace...Je luttais constamment contre les moustiques, et les dizaines et dizaines de piqures chaque jour etaient un calvaire... tant que l'un deux ne me transmettait pas le palu, tout allait bien malgre tout...
Je m'habituais a laisser voler les cucarachas autour de moi sans quitter la piece en courant, a prendre ma douche la nuit dehors a l'eau froide avec les sauterelles et les crapauds, a marcher dans la jungle en esperant ne pas croiser la route d'une vipere et a dormir avec une tarantule enorme (elle pouvait tout aussi bien etre une migale, trop peur donc obligee de la tuer des sa premiere escapade dans la piece) qui a pondu un nid a 50 cm de mon lit ... et visiblement un rat non loin de moi aussi...J'ai quitte Santa Rosa hier afin de poursuivre mon aventure un peu plus loin en Bolivie... petit pincement au coeur au moment de partir... j'espere pouvoir y retourner un jour !
Je vais maintenant me poser quelques jours a Cochabamba en attendant de decider du programme de ces prochains jours... Plusieurs possiblites s'offrent a moi : travailler dans une association cette fois avec des enfants dont les parents sont incarceres, prendre des cours d'espagnol et m'immerger dans une famille pour une semaine, refaire du woofing, partir en rando, travailler dans un orphelinat... Je n'en sais trop rien... cela va encore une fois dependre des rencontres et des contacts que je vais avoir ici.
