Mais non..., c'est quand même pas le Perou !!!

J'espère à travers ce blog pouvoir vous faire partager autant que possible mon aventure sud-américaine !!!

C'est donc le 25 janvier 2011 que la réelle aventure commence : 12 kg sur le dos, des milliers de kilomètres à parcourir et profiter tout simplement de ce beau voyage qu'est la vie !

En espèrant être aussi régulière et précise que possible à travers ce blog !

mercredi 15 juin 2011

Arequipa, Intiwawa, Titicaca ...



Apres plus d'un mois au sein de l'association Intiwawa, je repars, le sac sur le dos, pour de nouvelles aventures. Je ne me sens bien et mal a la fois. Bien parce que c'est le moment je pense de poursuivre ma route, de reprendre le cours de mon periple et continuer a decouvrir ce continent. Mal parce que je laisse derriere moi des personnes d'une richesse incroyable, des enfants qui ont besoin d'un soutien comme jamais je n'ai encore percu, et parce qu'on a toujours le sentiment de ne jamais en faire assez... J'ai parcouru de nombreux villages, croises des dizaines et des dizaines de petites bouilles toutes plus sinceres et emplies de curiosite les unes que les autres. 

Je ne saurai comment decrire cette experience ... c'etait tout simplement magique. Cela fait partie de moi maintenant et je ne pourrai jamais oublier tous ces regards, ces actes de generosite et d'authenticite. 
Un mois qui m'a certainement change, et qui est un des plus riches humainement parlant, de tout ce que j'ai pu vivre jusqu'a aujourd'hui. 

J'ai boucle ce mois par un week end a Cotahuasi, a 10h environ d'Arequipa. Nous sommes partis la-bas avec Elva, gerante d'un restaurant a San Isidro (village ou je travaillais chaque jour), rencontree quelques semaines auparavant. Elle voulait nous faire decouvrir son village et sa famille. Nous avons passe 2 jours incroyables et durs a la fois. Apres quelques heures de marches pour monter au sommet d'une montagne, nous arrivons au sein d'un petit village, ou les habitants vivent uniquement de leur prodution et de leur betail. Un des villages les plus pauvres que je n'ai jamais vu. La peau des enfants est extremements seche, leur visage marque par le vent et la secheresse, les maisons faites de briques et de pailles menacent de s'ecrouler a tout instant... Quant aux parents, ils semblent tous uses par leur dur labeur quotidien. Ils se rendent aux champs chaque jour, un chemin quotidien, qui est pour moi un veritable trek, avec une altitude superieure a 3000m... 
Nous croisons le chemin d'une pauvre femme qui a eu un accident le jour meme... Voulant gagner du temps, elle part a dos de mule pour aller travailler au petit matin. Je ne sais comment mais elle a perdu le controle et est tombee brutalement ... Sa tete a heurte violemment le sol  et tout son poids est retombe sur son poignet... Elle a reussi a rejoindre une maison situee a quelques 20aines de minutes, tant bien que mal ... 

Nous arrivons juste apres l'accident ... toute sa detresse me saute au visage et nous nous sentons comme impuissants ... Que faire perches en haut de la montagne, sachant que l'hopital se trouve a plus de 2heures de marche, au bout d'un chemin sinueux... On reste aupres d'elle en essayant de la consoler, et je me repete sans cesse qu'un petit accident peut devenir vite dramatique dans ces conditions. Elle ne perd pas connaissance et a encore un minimum de force pour descendre jusqu'a l'hopital ... Je pose 1000 questions a Elva avec qui je voyage... Comment font-ils lorsque les accidents sont plus graves, que la personne ne peut plus bouger ou perd connaissance ?? et non, ils ne peuvent appeler le 18 pour qu'une ambulance arrive dans les 5 min... il n'y a aucun acces ! Elle me repond ...: “la vie est ainsi, tout continue ... on ne peut rien faire pour eux ..!!!”. 

Nous redescendons rapidement pour la voir a l'hopital. Apres quelques points de suture au crane, et une radio, elle peut en ressortir. Elle ne cesse de pleurer et est incapable de nous dire si son bras est vraiment casse.. les medecins de l'hopital ne peuvent se prononcer, malgre une radio plutot nette !!! 
Apres quelques heures, elle va mieux et un sourire se dessine de nouveau sur son visage. Nous la rassurons comme nous pouvons, mais j'ai le sentiment que mes paroles sont bien inutiles. Se casser un bras n'a rien de dramatique chez nous, mais les proportions que cela prend ici sont considerables. Cette femme d'une soixantaine d'annees est seule, doit travailler tous les jours au champ, et qui plus est, en ce moment, en periode de forte recolte ! Comment va-t-elle faire ? Elle vit de ses recoltes, et elle est maintenant immobilisee pendant minimum un mois ...! 
Ces circonstances me font reflechir un bon moment et j'ai beaucoup de mal a me projeter dans son contexte... Sa detresse et la tristesse de son visage me perturbent pendant de longues heures. 
Mais comme disent les peruviens, la vie continue... On doit faire face, rien de plus ! 

La vie est encore plus dure que ce que j'imaginais pour certains... et notamment dans ces petits villages. Les touristes ne s'y rendent pas, il faut connaitre un local pour s'y aventurer... 
Fort heureusement les traditions sont encore bien preservees la-bas, mais chaque discours est identique : cela se perd de plus en plus, les jeunes aujourd'hui ne veulent plus apprendre le Quetchua, ils revent tous de partir a Arequipa ou la ville la plus proche, afin d'etudier et echapper a tout cela. 
Les enfants commencent a travailler a l'age de 4 ans ... on les voit mener des troupeaux de mules, de moutons et de vaches, avec une aisance inimaginable. Lorsque nous jouons encore aux legos ou a la poupee, eux sont deja a dos d'ane pour faire comme leurs parents. 
Certains peuvent tout de meme etudier, d'autres n'en ont jamais eu l'opportunite...

Ainsi, je boucle mon experience a Arequipa, dans le sud du Perou. J'ai des milliers de souvenirs en tete, durs, marquants et humainement inoubliables, au-dela de tout ce que je pouvais esperer...

J'ai noue des contacts avec les autres volontaires du monde entier... nous sommes venus tous avec le meme objectif et les memes espoirs, nous avons passe des moments inoubliables. Je repars le coeur lourd et reste facinee par la gente humaine !

Je suis maintenant a Cusco, “capitale touristique” du Perou, si ce n'est de l'Amerique du Sud. Loin d'etre enchantee de me retrouver de nouveau au milieu de milliers de touristes, je decouvre un nouvel endroit magnifique ou les traditions sont encore bien presentes (circuit touristique oblige...). Nous partons demain dans la Vallee Sacree et ensuite au Machu Picchu... Gravir cette montagne comme le font des milliers de touristes chaque jour... Je pars sans agence, sans trek, avec la liberte totale de gravir cette montagne seule, sans contrainte temporelle. 
Je discute avec pas mal de personnes ici, certains partent en tour pour un trek de 4 a 5 jours, d'autres s'y aventurent seuls... il faut de tout pour faire un monde ...  Chacun sa conception du voyage, toutes sont respectables et discutables, je sais maintenant veritablement qu'elle est la mienne.